Quels sont les arguments utilisés par Wegener en faveur de la dérive des continents ?

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Wegener proposait des preuves géologiques pour étayer sa théorie de la dérive des continents. Il soulignait la complémentarité des côtes, la répartition de fossiles identiques sur des continents aujourdhui éloignés, des indices paléoclimatiques, et des anomalies magnétiques.
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Au-delà des côtes emboîtées : les arguments géologiques de Wegener pour la dérive des continents

Alfred Wegener, météorologue allemand, est à jamais associé à une idée révolutionnaire qui a transformé notre compréhension de la Terre : la dérive des continents. Bien que sa théorie ait initialement été accueillie avec scepticisme, Wegener a rassemblé un corpus d’arguments géologiques convaincants, bien que souffrant d’un manque d’explication du mécanisme sous-jacent. Plutôt que de se contenter d’une simple observation de la ressemblance des côtes de l’Atlantique, il a tissé un argumentaire multidisciplinaire, s’appuyant sur des données provenant de différentes branches des sciences de la Terre.

1. La complémentarité des lignes de côtes : plus qu’une simple coïncidence ?

Si l’observation de la correspondance frappante entre les formes des côtes de l’Amérique du Sud et de l’Afrique a pu servir de déclencheur à Wegener, il a rapidement compris que cette ressemblance ne constituait qu’un élément parmi d’autres. Il a souligné que cette complémentarité était bien plus précise qu’une simple impression visuelle, surtout si l’on considérait le plateau continental, et non seulement les lignes côtières actuelles, modelées par l’érosion et la sédimentation. Cette observation, bien que suggestive, nécessitait des preuves plus robustes.

2. La répartition biogéographique : des fossiles témoins d’un passé commun ?

Wegener a mis en avant la présence de fossiles identiques de plantes et d’animaux sur des continents aujourd’hui séparés par des océans immenses. La découverte de fossiles de Mesosaurus, un reptile aquatique d’eau douce, en Amérique du Sud et en Afrique, constitue un exemple probant. Il est difficilement imaginable que cet animal ait pu traverser l’océan Atlantique. De même, la présence de fossiles de Glossopteris, une fougère, sur des continents aussi éloignés que l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Australie et l’Antarctique, renforçait son hypothèse d’une connexion passée. Cette distribution biogéographique ne pouvait s’expliquer que par une distribution continentale antérieure différente.

3. Les indices paléoclimatiques : des climats déplacés dans le temps ?

Wegener a également analysé les données paléoclimatiques, c’est-à-dire les indices de climats anciens. Il a notamment relevé la présence de traces de glaciers dans des régions aujourd’hui tropicales, comme l’Inde ou l’Australie. L’explication la plus plausible était que ces continents étaient autrefois situés à des latitudes beaucoup plus élevées, dans des zones soumises à des climats glaciaires. Inversement, des preuves de climats tropicaux ont été trouvées dans des régions actuellement tempérées, soutenant l’idée d’un mouvement continental important. Cette juxtaposition géographique de différents indices paléoclimatiques, aujourd’hui incohérente, trouvait sa cohérence dans un modèle de continents en mouvement.

4. Les correspondances géologiques et structurales : une continuité brisée ?

Au-delà des fossiles, Wegener a observé des correspondances remarquables dans la composition et la structure des roches sur différents continents. Des chaînes de montagnes présentant une continuité géologique se retrouvaient fractionnées de part et d’autre de l’océan Atlantique. Cette observation renforçait l’idée d’une origine commune et d’une séparation ultérieure.

5. Les anomalies magnétiques : une empreinte du passé dans les roches ?

Bien que moins développées à l’époque de Wegener, les anomalies magnétiques dans les roches ont également apporté des éléments de preuves. L’étude de la polarité magnétique enregistrée dans les roches permettait de reconstruire la position des continents par rapport aux pôles magnétiques au cours du temps, confortant l’hypothèse du déplacement des continents. Cette donnée, bien qu’encore en développement à son époque, complétait son argumentaire.

En conclusion, l’apport majeur de Wegener réside dans la compilation de données provenant de différentes disciplines pour étayer son hypothèse de la dérive des continents. Bien que l’absence d’un mécanisme convaincant pour expliquer ce mouvement ait initialement limité l’acceptation de sa théorie, ses arguments géologiques ont posé les bases de la tectonique des plaques, théorie qui a révolutionné notre compréhension de la dynamique terrestre.