Pourquoi la SNCF peine-t-elle à recruter ?

La SNCF face au défi de l’attractivité : Pourquoi recruter est devenu un parcours du combattant ?

La SNCF, pilier du transport ferroviaire français, est confrontée à un défi majeur : le recrutement. Si la pénurie de conducteurs de trains est un problème récurrent dans le secteur, elle s’est intensifiée ces derniers temps, fragilisant la capacité de l’entreprise à répondre à la demande et à assurer un service optimal. Loin d’être un simple problème de conjoncture, les difficultés de recrutement de la SNCF révèlent un ensemble de facteurs complexes, allant de la perception du métier à des enjeux de formation et de politique de ressources humaines.

La reprise post-Covid a, sans aucun doute, exacerbé la situation. La demande en transport a rapidement rebondi après les confinements, mettant en lumière une anticipation insuffisante des besoins en personnel. Le plan de recrutement régional initié pour combler ce manque criant témoigne de la prise de conscience de l’urgence, mais les résultats sont mitigés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : début 2024, sur une centaine de postes ouverts, seulement une vingtaine ont été pourvus. Ce constat interpelle et invite à une analyse plus approfondie des raisons de cette désaffection.

Plusieurs pistes peuvent expliquer ce phénomène. Premièrement, la perception du métier de conducteur de train a peut-être évolué. Traditionnellement perçu comme une vocation, il est aujourd’hui concurrencé par d’autres professions plus attractives, offrant des conditions de travail perçues comme plus souples et des perspectives de carrière plus diversifiées. Les contraintes horaires, la responsabilité inhérente au métier et la pression constante peuvent dissuader certains candidats.

Deuxièmement, les exigences de formation et les qualifications requises peuvent constituer un frein. La formation de conducteur de train est exigeante et demande un investissement personnel important. De plus, l’obtention des certifications nécessaires peut être perçue comme un obstacle, notamment pour les profils en reconversion.

Troisièmement, les conditions de travail et les politiques de ressources humaines de la SNCF pourraient être remises en question. L’attractivité salariale, les possibilités d’évolution de carrière, la qualité de vie au travail et l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle sont autant d’éléments déterminants dans le choix d’un emploi. Si la SNCF ne parvient pas à offrir des perspectives suffisamment attractives sur ces différents points, elle risque de peiner à attirer les talents nécessaires.

Enfin, la démographie joue également un rôle. Le vieillissement de la population active et les départs à la retraite massifs des générations précédentes créent un vide qu’il est difficile de combler.

Face à ce défi, la SNCF doit impérativement repenser sa stratégie de recrutement. Cela passe par une communication plus attractive sur les atouts du métier, une simplification des processus de formation et de certification, une amélioration des conditions de travail et une politique de ressources humaines plus axée sur le bien-être des employés. Investir dans l’attractivité de la profession est une nécessité pour assurer l’avenir du transport ferroviaire en France et garantir un service de qualité aux usagers. Il ne s’agit pas seulement de recruter, mais surtout d’attirer et de fidéliser les talents pour relever les défis de demain.