Est-il interdit de crier ?

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La loi de 2019, dite anti-fessée, interdit les violences éducatives ordinaires, incluant gronder, crier ou hurler sur un enfant. Malgré cela, une méconnaissance de cette interdiction persiste, selon la Fondation pour lenfance.

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Crier : un acte interdit ? Décryptage d’une loi mal comprise

La question peut paraître surprenante : est-il interdit de crier ? La réponse, comme souvent, est nuancée. Si la liberté d’expression est un droit fondamental, certains contextes, notamment celui de l’éducation, restreignent considérablement cette liberté. La loi française, et plus précisément la loi du 14 mars 2019 relative à la protection de l’enfant, dite loi anti-fessée, a apporté des éclaircissements, mais aussi une certaine confusion.

Cette loi, en interdisant les “violences éducatives ordinaires”, a étendu le champ de la protection de l’enfant au-delà des violences physiques. Elle inclut désormais les violences verbales, parmi lesquelles les gronderies, les cris et les hurlements. Or, cette inclusion engendre une interrogation légitime : où se situe la frontière entre une expression forte de la colère et une violence verbale interdite par la loi ?

La Fondation pour l’enfance pointe justement du doigt une méconnaissance persistante de cette interdiction. Nombreux sont ceux qui ignorent que crier sur un enfant peut être considéré comme une infraction, susceptible de sanctions. La difficulté réside dans la subjectivité de l’interprétation. Un cri ponctuel, exprimant une peur ou une frustration intense, sera-t-il assimilé à une violence éducative ordinaire ? La réponse n’est pas simple et dépendra de nombreux facteurs, notamment du contexte, de l’intensité et de la répétition du cri, ainsi que de l’âge et de la vulnérabilité de l’enfant.

Il est important de distinguer le cri occasionnel, lié à un moment de stress intense, de l’usage récurrent et systématique de la voix forte comme moyen d’éducation ou de contrôle. Ce dernier cas de figure entre clairement dans le cadre des violences éducatives ordinaires. La loi ne vise pas à museler les parents, mais à protéger les enfants des atteintes répétées à leur intégrité psychologique.

L’objectif n’est pas de créer une société silencieuse, mais de promouvoir une éducation bienveillante et respectueuse. L’interdiction de crier sur un enfant doit être comprise comme une incitation à une meilleure gestion des émotions et à la recherche de solutions alternatives pour communiquer et éduquer, basées sur le dialogue et la compréhension. Des formations et des accompagnements parentaux existent justement pour aider à acquérir ces compétences essentielles.

En conclusion, si crier n’est pas intrinsèquement interdit, son utilisation dans un contexte éducatif doit être extrêmement prudente. La loi de 2019 impose une réflexion sur les méthodes éducatives et une responsabilité accrue quant à l’impact des mots sur le développement de l’enfant. L’ignorance de la loi ne saurait excuser une pratique qui, si elle est répétée et excessive, peut laisser des traces durables sur la psyché de l’enfant. La sensibilisation et l’information restent donc des clés pour une meilleure application et compréhension de cette législation.